Comment lutter contre le perfectionnisme et si on arrêtait de vouloir tout contrôler ?
- delphinegrillet78
- 8 oct.
- 4 min de lecture

Pendant longtemps, j’ai cru que le perfectionnisme était une force. Être exigeant, rigoureux, aller jusqu’au bout des choses… ça sonnait comme une qualité. Et d’ailleurs, dans nos études ou au travail, on valorise souvent celles et ceux qui “ne laissent rien passer”.
Mais petit à petit, j’ai découvert une autre facette, plus sournoise. Ce moteur si puissant peut, s’il prend trop de place, devenir un frein invisible. Il épuise, fait douter, ralentit, parfois jusqu’à paralyser. Ce qui devait aider à avancer finit par nous retenir en arrière.
Alors… comment faire pour garder le meilleur de l’exigence sans se laisser piéger par la quête du “toujours mieux” ?
Quand l’exigence devient une prison
Il existe une différence importante entre être consciencieux et être perfectionniste.
Une personne consciencieuse vise l’excellence possible, fixe des objectifs réalistes, accepte les erreurs comme des étapes d’apprentissage et avance avec exigence mais aussi plaisir.
Le perfectionniste, lui, ne se contente pas d’un haut niveau : il vise l’inatteignable. Il s’épuise sur des détails secondaires, doute en permanence, a du mal à déléguer et repousse sans cesse la satisfaction. Même quand tout est bien, ce n’est jamais “assez bien”.
Cette distinction est essentielle. Lutter contre le perfectionnisme, ce n’est pas renoncer à l’ambition. C’est retrouver une exigence humaine, souple, efficace.
D’où ça vient ?
Le perfectionnisme ne tombe pas du ciel. Souvent, il s’installe au croisement de plusieurs histoires :
• Une histoire personnelle : certaines personnes ont une tendance naturelle à vouloir tout contrôler ou à craindre l’erreur.
• Une histoire familiale : grandir dans un environnement très exigeant ou peu valorisant peut amener à chercher la perfection pour se sentir digne d’amour ou de reconnaissance.
• Une histoire collective : notre culture valorise la performance exceptionnelle, les réussites sans faille, les “success stories” impeccables.
Derrière cette quête de perfection, il y a souvent une peur plus profonde : la peur de l’échec, du jugement ou du rejet.
Le perfectionnisme devient alors une stratégie : “Si je fais tout parfaitement, personne ne pourra me reprocher quoi que ce soit.”
Quand le mieux devient l’ennemi du bien
Au début, cette exigence peut donner de bons résultats. Mais à la longue, ses effets sont souvent contre-productifs :
• On procrastine, en attendant que tout soit “prêt” avant de se lancer.
• On devient son propre juge le plus sévère.
• On s’épuise mentalement, à force de vouloir tout contrôler.
• On perd la capacité à déléguer, à collaborer sereinement.
• On oublie le plaisir de faire.
Et surtout, on finit par avancer moins vite. Certains projets sont retardés, d’autres abandonnés. Par peur de mal faire, on ne fait plus.
Apprendre à vivre avec l’erreur (et l’incertitude)
Sortir du perfectionnisme commence souvent par changer notre rapport à l’erreur.
Faire des erreurs n’est pas un signe d’incompétence, c’est une étape naturelle dans tout apprentissage. Pourtant, cette idée est rarement simple à intégrer.
Il s’agit aussi d’accepter une réalité simple : on ne contrôle jamais tout. Que ce soit dans les études, au travail ou dans la vie quotidienne, il y a toujours une part d’incertitude. Et vouloir la supprimer complètement… c’est vouloir l’impossible.
Changer de regard sur l’erreur, adopter une posture d’apprentissage, apprendre à prioriser : ces trois gestes simples ouvrent déjà une brèche dans la rigidité perfectionniste.
Deux leviers pour avancer autrement
Lâcher le perfectionnisme, ce n’est pas juste “se détendre”. C’est agir à la fois sur sa manière de penser et sur sa manière d’agir.
1. Revoir sa façon de penser
Le perfectionnisme repose souvent sur des schémas mentaux rigides, parfois inconscients.
En prendre conscience est un premier pas :
• Remarquer les pensées “tout ou rien” : « Si ce n’est pas parfait, c’est raté. »
• Dissocier sa valeur personnelle de ses résultats.
• Réapprendre à valoriser les efforts, pas seulement la performance finale.
• Se poser de vraies questions sur la pertinence de ses objectifs.
• Se reconnecter au plaisir de faire, et pas uniquement à la réussite attendue.
Le coaching ou la PNL peuvent être précieux ici : ils permettent de recadrer les croyances qui nourrissent l’exigence excessive.
2. Modifier ses comportements au quotidien
En parallèle, il est essentiel de changer ses habitudes concrètes :
• Faire la différence entre l’essentiel et le superflu.
• Utiliser la règle du 80/20 : concentrer son énergie sur ce qui a vraiment de l’impact.
• Fixer des délais clairs et limiter le nombre de révisions.
• Accepter d’avancer sans tout maîtriser.
• Se dire “c’est suffisant” au bon moment, plutôt que “ce n’est pas encore parfait”.
Ces petits ajustements répétés ouvrent la voie à une nouvelle manière d’agir, plus légère et souvent plus efficace.
Une exigence plus libre
Sortir du perfectionnisme ne veut pas dire baisser ses standards. Cela veut dire avancer avec plus de liberté, de plaisir et de justesse.
C’est passer :
• de la peur de l’échec à la curiosité d’apprendre,
• du contrôle rigide à la confiance dans le mouvement,
• de l’image parfaite à une performance authentique et durable.
L’énergie dépensée à vouloir tout maîtriser peut alors être investie ailleurs : dans l’action, la créativité, la progression réelle.
En résumé
Le perfectionnisme n’est pas une fatalité. C’est une manière de fonctionner que l’on peut comprendre, apprivoiser, transformer.
En travaillant sur ses pensées et ses comportements, en acceptant un peu d’incertitude, en redonnant de la valeur au plaisir et à la progression, on peut passer de l’exigence paralysante à une exigence libératrice. C’est souvent là que commence une autre forme de réussite plus fluide, plus juste, et bien plus durable.